Marie Malherbe

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Ajouté le 11 nov. 2018

Centenaire de la Paix fragile 1918


A la mémoire de mon arrière-grand-père Marius

et de tous les hommes accourus des confins de la Terre 

tombés, mutilés ou défigurés pour sauver la liberté.


L’empreinte humaine

dans la boue se déforme.

L’homme de boue espère à peine

en attendant qu’on le transforme

en lambeaux comme plus d’un 

gisant à côté de lui

peut-être en héros national

selon les mots du formulaire

qu'on enverra à sa mère

et puis un jour en mémorial.

Les corbeaux à Verdun

se régalent.


L’empreinte humide

des sanglots

que nul n’entendra jamais

à Londres ou à Sarajevo,

à Grasse, à Vienne, au Dahomey

disparait sourde et liquide

dans la tourbe et dans l’eau glacée.


L’empreinte forcée

du cortège

qui monte sur la Voie Sacrée

retrace l’odieux sacrilège

Adieu vie, et toi que j’aimais

ma mère, mon frère, ma fiancée.


Les blessés croisent la jeunesse

de ceux qui montent vers l’affront

la mort est déjà sur leur front

chaque homme devient sa propre messe

de l’Absurde on construit le vitrail.


On se presse dans les deux sens,

sans cesse il faut qu’on ravitaille

en hommes, chevaux et victuailles

la mort qui tue à contre-sens.

L'enfer ripaille comme un chancre

les visages, les cœurs, les entrailles

tombent dans la furie de son ventre

la terre est tant gavée qu’elle en devrait vomir.


Chaque heure on prie pour en finir

ne serait-ce que le temps d'un songe 

mais on n'entend que des mensonges.

Au front les nouvelles se déforment

rien n’est plus sûr que ces blessures

dans les vapeurs de chloroforme.


L’empreinte acide au soir

du plus grand fratricide de l’Histoire

couvre la terre de sang et de dégoût.

Dites-nous, dites-nous charognards:

l’innocence avait-elle vraiment

meilleur goût ?

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